ET MAINTENANT, NOS TERRES
Webdocumentaire sur la résistance à l’accaparement des terres en Afrique
SCROLLER
VERS
LE BAS
En Afrique, des centaines de milliers de paysans comme lui voient fondre sur eux des investisseurs aux acronymes étranges, venus de la sphère privée comme de la sphère publique, leur réclamant du jour au lendemain leurs terres pour y développer des plantations de grandes échelles à des fins d’exportation.
D’abord démunis face aux représentants de l’État et aux tractopelles qui les délogeaient de chez eux, les agriculteurs s’organisent à présent pour résister. Avec l’aide de la société civile, ils revendiquent leurs terres et leur part dans le développement agricole de l’Afrique.
ACCAPAREMENT DES TERRES KÉZAKO ?
nasako besingi
vs herakles farms
à mudemba (cameroun)
emmanuel elong
vs socfin-bolloré
à mbonjo (cameroun)
l’afrique en quête
d’un modèle
agricole
ACCAPAREMENT
DES TERRES,
KÉSAKO ?
bayal sow
vs TAMPIERI
à Ndiaël (SÉNÉGAL)
On appelle “accaparement des terres” l’achat ou la location à très long terme (50 ou 99 ans reconductibles) de quantités massives de terres (1000 hectares et plus) par les grandes entreprises, les États ou des notables nationaux dans les pays en développement, pour y établir des projets agricoles de grande échelle. Et ce au détriment de populations locales qui en bénéficient déjà.
DÉFINITION
AMPLEUR
DU PHENOMÈNE
À l’échelle mondiale,
37 millions
d’hectares
de terres cultivables
ont été rachetés
(Source : Land Matrix 2015)
NASAKO BESINGI résistant en chemise et sandales
Soit 50%
du territoire
français
L'AFRIQUE est
le continent le plus
touché. Pourquoi ?
Car son territoire
est composé de
60%
d’espaces
ruraux
… et il est à
95%
non-CADASTRÉ
MONTÉE
DES RÉSISTANCES
De Mbonjo au Cameroun à Ndiaël au Sénégal, les terres sont cultivées depuis des générations et transmises de père en fils. En Afrique rurale, pas de titre foncier : l’usage coutumier de la terre est de mise. Ici la parcelle d’un tel, là celle du cousin. Un conflit ? Le chef du village intervient.
C’est dire le choc, et la difficulté des villageois à s’opposer juridiquement aux représentants de l’État ou aux tractopelles, qui ne tardent pas à arriver une fois les contrats signés entre gouvernants et investisseurs.
Mais ce rapport de force entre paysans et investisseurs suscite des révoltes et commence à évoluer. Aidées par la société civile, les résistances s’organisent et gagnent leurs premiers combats. Voici l’histoire de héros de la paysannerie africaine qui défendent leurs terres, tout en portant une revendication commune pour un autre modèle de développement agricole en Afrique.
PHOTO D'UNE RÉUNION DU SEFE DANS UN VILLAGE PRÈS DE MUDEMBA (CAMEROUN)
BAYAL SOW PRÊT À MOURIR POUR DÉFENDRE SES TERRES
VU PAR...ANTOINE GLASER
L’ancien rédacteur en chef de la Lettre du Continent évoque la montée en puissance des société civiles africaines depuis la décolonisation.
Pour le directeur du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), “c’est véritablement David contre Goliath”.
Ils invitent les chefs dans des hôtels
à Douala. Ils leur donnent à boire,
à manger et de l’argent pour qu’ils
acceptent de céder les terres des villages.
Gabriel Ngoe,
membre du SEFE
ET AUJOURD'HUI ?
De victoire en victoires. De 70 000 hectares au départ, l'action de Nasako a contribué à ce qu'un décret, du Président de la République Paul Biya en décembre 2013, vienne réduire la superficie concédée à 20 000 hectares.
Mais ce n’est pas tout. Nasako Besingi poursuit le combat, et en juin 2015, Herakles Farms annonce à ses salariés son départ de la zone.
Fruit de six ans de mobilisation, cette annonce (qui reste à confirmer sur le terrain) ne résoud pas tous les problèmes : qu’adviendra-t-il des poursuites judiciaires engagées contre Nasako Besingi? Quel sera le nouveau rôle de son ONG ? Et surtout: quel avenir pour le développement de Mundemba?
Ndiaël (Sénégal) Les larges canaux d’irrigation à ciel ouvert qui jalonnent une partie de la réserve naturelle de Ndiaël, au Nord du Sénégal, sont pour l’heure les signes les plus apparents de la profonde discorde qui oppose une partie des éleveurs peuls et l’entreprise Senhuile.
Ce groupe d’investisseurs sénégalais et italien s’y est vu concéder 20 000 hectares par l’État en 2012, concession à laquelle est farouchement opposé un collectif de 37 villages implantés dans la zone.
À NDIAËL, LES CANAUX D'IRRIGATION DE LA PLANTATION SENHUILE
rallier
l’opinion publique
Des trois ans de relations tendues avec l’investisseur italien, les éleveurs peuls tirent un enseignement : plus que le bâton ou le couteau, les médias peuvent leur sauver la mise. Médias auxquels ils n’auraient pu accéder sans l’aide des ONG nationales et internationales.
"Ce qui dérange le plus l’entreprise c’est la médiatisation de cette affaire, surtout par les médias internationaux. C’est ce qui leur fait le plus mal. Ils ne veulent pas qu’on parle et ne souhaitent surtout pas que cette affaire se sache", dit Bayal Sow.
Quand les tractopelles de Senhuile sont arrivés pour terrasser les arbres, des camions de gendarmes étaient là pour les protéger. Toute la population était sortie et les attendait de pied ferme.
emmanuel elong de mbonjo à puteaux
Mbonjo (Cameroun) Emmanuel Elong se définit comme un initiateur. Grâce à lui, les protestations contre la Socapalm ont pris une tournure internationale : en 2010, quatre ONG camerounaises, française et allemande, portent plainte… Et la résistance locale qu'il défend depuis les années 1990 a fait des émules à l'étranger.
INVESTISSEUR
SUPERFICIE
CULTURE
afrique en quête d’un modèle agricole
VU PAR… bernard njonga
Le directeur de l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (ACDIC) anayse les différents modèles de développement et leur cohabitation.
Pot de fer contre pot de terre. Apôtres du tout industriel et des investissements étrangers contre défenseurs de l’agriculture de petite échelle : voilà comment pourrait être résumée la lutte des modèles à l’œuvre en Afrique.
Heureusement, les alternatives ne s’arrêtent pas là. L’Afrique fourmille d’initiatives portées par des Africains, seuls ou aidés d’ONG, qui renouvellent les modèles et innovent dans le secteur agricole.
songhai,
la success story
Porto Novo (Bénin) C’est pour faire de l’agriculture un moteur de développement, plutôt qu’un moteur d’exportation, que le moine dominicain Godfrey Nzamujo a créé le Centre Songhaï, en banlieue de la capitale économique béninoise.
Le principe du centre est simple : proposer clé en main une solution concrète pour un développement agricole intégré et rentable. Le moyen ? Une formation d’une durée de 18 mois. Au programme : pisciculture, maraîchage par fertilisation organique, production animale… mais aussi techniques de transformation agroalimentaire et production d’énergie à partir de déchets.
Depuis sa création en 1985, 3370 “entrepreneurs agricoles” sont sortis de Songhaï. La plupart s’installe à leur compte. Plusieurs antennes du centre ont été ouvertes au Bénin. Le modèle a été reproduit au Nigeria, au Liberia, en Sierra Leone et au Congo-Brazzaville…
Nous créons une masse de militants, de révolutionnaires, de gens têtus. Imagine que chaque année, 3 000 Africains sortent de Songhaï. Ce sont des jeunes gens que l’on ne fera pas taire et qui iront voter. C’est une révolution tranquille.
ET MAINTENANT NOS TERRES
le documentaire
Autofinancé et autoproduit,
Et Maintenant nos terres
vous emmène en Afrique de l’Ouest, dans les pas de Nasako Besingi, Bayal Sow, Emmanuel Elong et Godfrey Nzamujo
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herakles farms
Entreprise de plantations
Maison-mère
blackstone group
Fonds d’investissement
INVESTISSEUR
• arachides
• maïs
• riz
Mundemba (Cameroun) En 2008, la société Herakles Farms, filiale d’un fonds d’investissement américain, attaque le défrichage de la forêt primaire dans la région de Mundemba, au sud-ouest du Cameroun. Objectif : y implanter une exploitation géante de palmiers à huile.
À la tête d’une ONG de défense de l’environnement, Nasako Besingi (à droite) prend fait et cause pour la juste information des milliers de villageois menacés d’expulsion… au risque d’y laisser la peau.
superficie
CULTURE
senhuile en bref
TAMPIERI
financial group
Entreprise de plantations
20000
HECTARES CÉDÉS EN 2008
2000
HECTARES CULTIVÉS
EN 2015
ARACHIDES
MAIS
RIZ
HERAKLES EN BREF
INVESTISSEUR
SUPERFICIE
CULTURE
70000
HECTARES EN 2008
20000
HEACTARES EN 2015
HERAKLES FARM
Entreprise de plantations
MAISON-MÈRE
blackstone group
Fonds d’investissement
PALMIERS À HUILE
SOCAPALM EN BREF
SOCAPALM
Entreprise de plantations
MAISON MÈRE
SOCFIN
Holding détenue a 38% par
GROUPE BOLLORE
56053
HECTARES
PALMIERS À HUILE
CULTURE
socfin en bref
SUPERFICIE
INVESTISSEUR
SOCFIN
Fonds d'investissement
MAISON-MÈRE
GROUPE BOLLORÉ
Conglomérat papier-énergie-plantation logistique
247015
hectares
PALMIERS À HUILE
HÉVÉA
VU PAR... el-hadj THIERNO CISSÉ
Le coordinateur du Conseil National de Concertation et de Coordination des Ruraux (CNCR) évalue l’impact de l’arrivée de Senhuile dans la région de Ndiaël.
design graphique Oriane Juster | orianejuster.fr DÉVELOPPEMENT Nicolas Servain rédacTion, photographie, vidéo Julien Le Net & Benjamin Polle Infographies Oriane Juster, avec des pictogrammes en provenance de The Noun Project (thenounproject.com) : Afrique par ess whitehorn, France par Olivier Guin, contrat par hunotika, sac de ressources et de liquidités par simple icons, épis de blé par Iain Hector, carte du monde par Free Vector Maps (freevectormaps.com) colophon Bebas Neue, Georgia, Courrier, Trebuchet.